24 Nov Le jeûne gastronomique, la version haut de gamme du jeûne de l’Archipel
Depuis longtemps, le jeûne est utilisé pour ses vertus diététiques et thérapeutiques. Une diète de plusieurs jours permettrait en effet de régénérer l’organisme, de purifier la peau ou encore d’améliorer son bien-être. À condition de respecter quelques règles. Passage en revue des bienfaits de l’ascèse culinaire et conseils du docteur Françoise Wilhelmi de Toledo, spécialiste du jeûne et auteure de L’Art de jeûner.
« Il faut être mesuré en tout, respirer de l’air pur, faire tous les jours (…) de l’exercice physique et soigner ses petits maux par le jeûne plutôt qu’en ayant recours aux médicaments », aurait affirmé Hippocrate (460-375 av. J.-C.). Près de 2500 ans plus tard, et même si certains médecins lui contestent une quelconque utilité, le jeûne thérapeutique continue de séduire. Depuis le XIXe siècle, il fait l’objet de nombreuses expériences ayant pour but de prouver ses effets préventifs et thérapeutiques. Depuis 1980, en Russie, il est inscrit dans une politique de santé publique. Certaines cliniques proposent même des séjours de jeûne thérapeutique. C’est le cas de la clinique Buchinger à Überlingen, dans le sud-ouest de l’Allemagne.
Mais le docteur Françoise Wilhelmi de Toledo (1), directrice de la clinique met en garde. Le jeûne n’a rien d’un régime express et ne se réduit pas à arrêter de s’alimenter pendant plusieurs jours : « On ne décide pas de jeûner du jour au lendemain. La démarche doit être réfléchie et surtout accompagnée médicalement. Le jeûne doit être planifié, pratiqué à l’abri du stress, rythmé par des pauses, des activités physiques, des lectures. »
Pratiqué sérieusement, le jeûne procure des bienfaits que l’organisme ressent rapidement. Tour d’horizon.
Une peau neuve
Stress, fatigue, alimentation déséquilibrée : les excès se traduisent sur la peau par l’apparition de boutons, de cernes, un teint terne, un surplus de sébum… En jeûnant, « la flore intestinale est au repos, elle n’est plus en contact avec de la nourriture toxique et se rééquilibre. La production de sébum est donc réduite, les impuretés disparaissent, la peau se régénère et devient plus lisse », précise le docteur Françoise Wilhelmi de Toledo. Le médecin met toutefois en garde : « Si le jeûne est trop long, il peut creuser les rides. » La régénérescence du corps profite aussi aux cheveux, qui se retrouvent fortifiés et plus simples à coiffer. Quant aux dents, elles gagnent en blancheur.
Le système digestif au repos
Bien souvent malmené par une alimentation déséquilibrée ou trop riche, le système digestif prend quelques vacances grâce au jeûne : « Le foie et les parois de l’intestin se régénèrent, le pancréas et l’estomac sont mis au repos et la flore intestinale se rééquilibre », explique la professionnelle. En favorisant l’élimination de toutes les toxines de l’organisme, le jeûne se transforme en véritable détox.
Perte de poids
S’il ne doit pas être considéré comme un régime, le jeûne entraîne néanmoins obligatoirement une perte de poids. « Quand nous consommons plus de calories que ce dont notre corps a besoin, le surplus est stocké sous forme de graisse. Pendant le jeûne, le corps puise directement dans ces réserves et brûle des calories », explique le docteur Wilhelmi de Toledo.
Lutte contre les maladies cardio-vasculaires
C’est une conséquence directe de la perte de poids. « Les excès augmentent le risque de développer une maladie cardio-vasculaire. Quand nous jeûnons, notre taux d’insuline et notre taux de sucre diminuent, les graisses stockées sont mobilisées, et les réserves excédentaires vidées. » Sans oublier qu’une bonne hygiène de vie au quotidien participe à la bonne santé cardio-vasculaire.
Sérénité et apaisement
C’est pour le moins étonnant. D’autant plus que nous aurions plutôt tendance à être agressifs lorsque la faim nous tiraille ! Mais après deux ou trois jours de jeûne, la sensation de faim disparaît. « Nous ne sommes plus dans le cycle classique « j’ai faim, je mange, je suis rassasié ». Nous entrons dans un état de contentement et l’on ressent de la sérénité », explique Françoise Wilhelmi de Toledo. L’experte rappelle que ce grand ménage de l’esprit ne peut s’opérer qu’à condition de respecter certaines règles : « Un jeûne nécessite de la disponibilité pour rythmer les journées par des lectures, des marches ou de la méditation. »
Les conseils du docteur Wilhelmi de Toledo
Balisez la période de jeûne et préparez-vous mentalement
Rien ne sert de décréter un jeûne d’une semaine du jour au lendemain. Dites-vous « J’ai une semaine » et choisissez de préférence un endroit éloigné du stress et des agressions extérieures pour suivre votre jeûne. Il est donc déconseillé de travailler en même temps.
Soyez accompagnée
Le mieux est de jeûner dans une clinique spécialisée pour bénéficier d’un encadrement médical. Si vous jeûnez seule, informez votre médecin, un médecin sensibilisé à la pratique ou suivez un manuel.
Planifiez le jeûne et évoluez progressivement
Commencez par nettoyer le système digestif par un lavement ou une purge. Tout au long de la journée, buvez entre 1,5 à 2 litres d’eau. Buvez différentes boissons pendant la journée : un quart de jus de fruits à midi, un quart de bouillon de légumes au dîner. Après le déjeuner, faites une pause. Puis occupez votre après-midi avec une activité physique. Une randonnée d’une heure et demie par exemple, à pied ou à vélo. Agissez toujours en fonction de votre forme. Les activités doivent être agréables. Vous pouvez aussi méditer ou lire.
Maîtrisez la reprise alimentaire
Elle doit toujours être progressive. Si le jeûne dure une semaine ou plus, la reprise doit s’étaler sur quatre ou cinq jours. L’estomac étant plus petit, l’envie de manger sera plus grande que nos capacités digestives. Si on mange trop, la reprise sera brutale et entraînera des vomissements. Le plus important est de manger lentement et de bien mâcher chaque aliment.